Ne te retourne pas [ Solo ]

Eternel

Le vent soufflait sur la plaine, balayant les feuilles orangées de l'automne. L'air se faisait perçant et froid, faisant trembler Sacha de tout son long. Il regardait depuis plusieurs minutes à présent le chemin qui s'étendait devant lui, le vent d'automne dans son dos, faisant voler ses cheveux bruns devant son visage. Il épousseta ses manches blanches, tenue peu appropriée pour un voyageur, mais Jill l'avait forcé, au moins pour partir ... Ce chemin, là, qui semblait se prolonger vers l'infini, plus loin que les yeux ne peuvent voir. Le soleil se levait doucement, sortant doucement de l'horizon et éclairant de sa lumière rougeâtre le visage clair de Sacha. Ce dernier sentit les fameuses perles salées lui montaient aux yeux, ces dernières coulèrent chacune d'un côté, mais le jeune homme s'empressa de les essuyer d'un revers de manche. Il tenait en lui ce sentiment étrange lorsqu'on s'apprête à partir loin de chez soi, il avait déjà ressenti cette appréhension. Mais quelque chose en lui s'éveiller en même temps, plutôt une Âme qu'un sentiment : c'est à dire sa chère et tendre Jill.

* Hum ... Sacha ? Qu'est ce que tu fais déjà debout ... ? *

- Oh rien ... Je réfléchissais juste ... Et dire que dans quelques heures nous partirons ...

* Soit pas triste, on reviendra, et on sera deux corps différents ! *

Et oui c'était comme ça, Jill vivait en Sacha, et de temps en temps Sacha vivait en Jill. C'est le sort qui les assemble à vie. Sacha regardait toujours l'horizon, droit et fier comme un soldat partant à la guerre. Il tourna les talons, en direction du Manoir blanc, celui de Jill, souhaitant déambulait une dernière fois dans les Jardins. Ah les Jardins ... Un coin de verdure luxuriant, aux fleurs colorés et odorantes. On sentait l'automne maintenant, les fleurs disparaissaient dans leur couleur terne, les feuilles tapissait le sol de leur couleur flamboyantes et les papillons ne venaient plus. Oui, l'automne était là, il venait quand Sacha et Jill devaient partir. Sacha traversait les allées orangées, effleurant du bout des doigts les buissons marron et les fleurs fanées. Une certaine mélancolie planait au dessus du cœur de Sacha, et Jill le ressentait. Cette tristesse, ces regrets de ne pas pouvoir vivre une vie normale, écrasant les projets d'un couple heureux, brûlant leurs espoirs, jusqu'à les empêcher de se toucher. C'était leur sort, il fallait l'accepter en attendant la solution. Sacha effectua sa ronde, autour des parterres ternis et des arbres dénudés. Il rentra à l'intérieur du Manoir, il fallait prendre des forces avant de partir. Le Petit déjeuner s'effectua calmement, en silence, avec les parents de Jill. Ces derniers étaient prêt à laisser leur précieuse fille partir à l'aventure, c'était très dur pour eux aussi ... Et c'est dans ce même silence que le jeune homme embrassa ses beaux parents, leur demandant de prendre soin d'eux. Il se frotta les yeux humides, disant d'une voix hésitante et tremblante

- On reviendra ... Je vous le promets, à deux ou en une personne !

Il tourna les talons, en direction de ce chemin infini, perdu dans les rayons du soleil levant. Jill sanglotait au fond de lui, ça ne lui arrivait pas souvent mais cette situation l'avait forcée à verser ses larmes. Sacha sentit alors les larmes de Jill coulées sur ses propres joues, mêlées aux siennes. Il marcha droit, d'un pas déterminé et soutenu, Jill avait séchait ses larmes et se sentait prête. Sacha s'arrêta sur le chemin, il commença à se retourner mais Jill intervenu rapidement et vivement, ce qui stoppa net Sacha.

* Non ! Sacha ! *

- Qu-Quoi Jill ? Qu'est ce qu'il y a ?

* Ne te retourne pas ! Surtout pas ... *

- M-Mais Jill ... Pourquoi ... ?

* Je t'en prie Sacha, ne te retourne pas ... Il vaut mieux pour nous deux ... *

Et c'est dans la mélancolie et le silence que Sacha poursuivit sa route, sans se retourner, le visage déterminé à avancer. Rien n'aurait pu l'arrêter, pas tant qu'il était si près de la maison. Il rassembla son courage, et il marcha, car il le devait. Jill le voulait. La route sera encore longue, mais ils sont deux, l'un supportant l'autre. Ils vivront beaucoup ensemble, ils en sortiront plus forts, mais pour l'instant il fallait souffrir pour trouver leur salut. Longtemps ? Ils ne le savaient pas, et ils ne le sauront jamais. Ils savent jusque qu'ils doivent trouver un moyen de se toucher une nouvelle fois, d'effleurer les lèvres de l'autre encore, ils devaient trouvé un corps pour Jill. Et Sacha poursuivit sa route, son objectif bien en tête, sans se retourner, car si il s'était retourné, les larmes auraient coulées et elle n'auraient que ralentis leur départ. L'avenir s'étendait sur ce chemin, un avenir inattendu et incertain, tracé par un objectif. L'amour fait parfois de drôle de chose.