Wherever You Are [PV Erwann]

† Admin

Il me semble que le Port n'a jamais changé. La Mer sonne toujours de la même façon, dans un fracas à la fois puissant et doux, une mélodie mélancolique et triste. Le Soleil embrasait déjà l'horizon, tandis que mon visage baignait paisiblement dans cet aura de lumière orangé, chaud et doux. La Brise souffle doucement, faisant voler mes cheveux, et mon regard semble mourir au loin. Sais-tu seulement combien de fois je me suis arrêté comme ça sur un Port ? Je ne le compte même plus ! Ils me pensent fous, ils se demandent souvent ce que j'attends seul, si triste, sur le quai. Mais je ne suis pas qu'un Homme, je ne suis pas qu'un Guerrier. Je suis plus que ça. Je suis tout simplement amoureux. Et toi, pourquoi es-tu si loin de moi ? Ne m'entends-tu donc pas pleurer la Nuit ? Il me semble, parfois, sentir ta chaleur contre moi. Et dans mes rêves, c'est comme si tu m'appartenais. Et je me réveille, souvent en sursaut, et je cherche autour de moi ta main, ton bras, ton corps. C'est dur d'être libre comme toi, j'ai essayé de vivre sans toi. Crois-moi. Mais ça ne sert à rien. Tu es cette Ombre qui me suit, tu es cette Sensation chaude et réconfortante qui me prend par les hanches, qui se resserre contre moi, me contractant la poitrine, jusqu'à m'en étouffer. Mais j'aime ça, étrangement. C'est tout simplement ce souvenir de toi, cette étreinte suffocante, cette présence écrasante. Sais-tu qu'un seul de tes baisers fait fléchir l'homme que je suis ? Non, certainement pas. On a si peu parler, pourtant il me semble que je te connais si bien, même si en réalité je ne sais pas qui tu es vraiment, Erwann. Les jours ont passés, mais mon Cœur n'a pas fané, il est toujours intact, préservé par ce désir qui me brûle la peau. Enveloppé de ton odeur, de ta voix, de ta chaleur. Le tout noué d'un Amour passionnel. Mais encore aujourd'hui, tu n'es pas là, et mes espoirs, de nouveau, volent en éclats, tombant en morceaux dans l'Océan. J'ai promis de t'attendre, tu as promis de me revenir, mais où es-tu à présent ? Je suis las d'attendre, je commence à croire que tu m'as abandonné. Et déjà je me retourne, la gueule sombre de la ville m'appelle de nouveau, elle m'attire irrévocablement malgré mon désir d'Océan, malgré cette envie de partir au loin sur la Mer. Finalement, je ne suis qu'un prisonnier de ma propre personne, c'est ce que je suis réellement qui m'enchaîne ici, sur Terre. Ma fonction, mes chaînes, ma Terre, mon Fardeau. Au fond, je n'avais pas envie de fouler ce pavé, et ses murs me semblaient si gris, les Temples se dressaient devant moi, autant de pierres sans intérêt pour moi. Le seul lieu qui m'inspirait encore sympathie s'était l'Auberge, éventuellement les Bars. Ce soir, je quitte Hulfor. Je ne rencontrerais pas de ports avant un moment, mais je dois poursuivre ma mission. Je ne peux pas passer ma vie à attendre sur les quais, à scruter l'horizon. Finalement, j'avançais sans conviction, mon esprit était ailleurs. Quelque chose insufflait en moi un drôle de sentiment. Et si c'était ce soir ? Le Vent me soufflait doucement au creux de l'oreille les plus beaux mots d'amour, et les ténèbres caressaient doucement mon Cœur meurtri. Que se passait-il vraiment ce soir ? Et dans l'absurdité la plus obscure, celle que dictait mon Cœur, je fis demi-tour, je me mis à courir. Les volets, les murs, les pavés défilaient autour de moi à toute vitesse. Le Vent me poussait dans le dos, semblait m'attribuer des ailes. Et dans mon essoufflement j'atteignis le Port. Le Soleil était un peu plus rouge, le vent un peu plus fort, la Mer un peu plus bruyante. Je tremblais de tout mon corps, et mes yeux troublés imaginaient de nouveau l'impensable. Cette forme noire, ces voiles immenses, était-ce possible ? Pourrait-il me revenir aujourd'hui ? Je portai mes mains sur mon Coeur, le serrant fort, pour le retenir. Tandis que mes yeux s'emplissaient d'émotions. A cette distance, je ne pouvais rien distinguer. Mais serait-ce lui ? Après tout ce temps, j'espérais encore, j'attends encore.
Mais toi, es-tu venu me chercher, ce soir ?

[Ps : /!\ Sous-entendus érotiques !! ]

Le vent soufflait dans les voiles de l'Ecumeur des Mers. L'équipage s'activait sur le pont, la vigie surveillait les alentours pendant que Jim, le petit garçon recueilli par le capitaine Erwann Escado, lisait tranquillement dans la cabine de celui-ci. Il comptait la dernière prise d'un galion qu'ils avaient croisé en route. Un bon pactole pour chacun. Tout le monde était content de la dernière prise et c'est pour cela que tout le monde s'activait pour atteindre Alans et partager le butin. Soudain, une voix dehors cria : "Terre!! " et il y eut une sorte de brouhaha à l'extérieur. Erwann sortit de sa cabine et regarda dans la longue-vue. Alans, enfin ! Il pensa alors à sa famille mais, soudain, il eut comme une drôle de sensation, un frisson lui parcourut l'échine. Il ne savait pas vraiment pourquoi mais il sentait qu'il n'allait pas être déçu. Il sourit. Et si il était là? S'il l'attendait? Si il était là? Il se répéta plusieurs fois la question, cogita longtemps et, soudain, il décida de prendre la barre et ordonna de mettre la grande voile pour aller plus vite. Les matelots s'exécutèrent aussitôt, pressés d'accoster. Quand ils arrivèrent au port, les marins descendirent avec leurs habits de civils et se dirigèrent dans une taverne pour fêter leur au bercail ! Erwann descendit, le magot sur le dos et respira un grand coup. Cela faisait un bien fou de revenir chez soi ! Il avait mis des gants pour cacher sa main et sa capuche. Il avait beau regardé le quai, il ne le voyait pas... Mais, pourtant, il savait qu'il était présent, qu'il était là, son cœur battait trop fort... Il rentra rapidement dans la taverne, distribua à la hâte le magot et repartit aussitôt sur les quais, répondant aux marins étonnés pourquoi il ne pouvait pas rester avec eux.

- Je dois trouver une armurerie. Vous savez quand on doit se rejoindre ! Reposez-vous bien !
Et il sortit en trombe. Sa capuche toujours sur la tête, il avança d'un pas rapide sur les quais et bouscula plusieurs personnes sur son passage, s'excusant et continuant son chemin. Il voulut tourner pour remonter dans son navire mais il se prit de plein fouet un homme de la même taille que lui.

- Mais vous ne pouvez pas...

Et l'homme se retourna sur la passerelle. Le cœur d'Erwann s'accéléra soudainement. Il écarquilla les yeux.

- Regardez...

Kaelis. Là, en dessous de lui. Une folle envie de l'embrasser lui brulait les lèvres mais il se retint et se leva brutalement comme prit d'un violent coup de courant. Le soleil commençait à tomber, le crépuscule arrivait, le ciel était rempli de couleurs chaudes et miroitait sur les flots faisant tanguer le navire. Erwann, tête baissée sur la passerelle d'embarcation, prit soudainement la main de Kaelis, l'emmena sur le pont du navire et leva la passerelle pour que personne ne puissent y monter. Ensuite, il reprit la main de l'homme étonné et, toujours sans un mot, l'entraîna dans la cabine. Après avoir fermé la porte derrière eux, il s'adossa contre la porte et enleva sa capuche et ses gants. Il était essoufflé mais n'avait toujours pas parlé depuis qu'il l'avait vu ni même adresser un regard. Et là, il osa enfin lever les yeux vers celui auquel il aurait préféré ne jamais se séparer. Mais il fallait qu'il le voit avant, avant toutes ses missions, tous ses objectifs auxquels il s'était fixé. Il savait qu'il fallait profiter de cet instant mais il sait aussi qu'après ils redevraient se séparer de nouveau. Ses pensées étaient floues et son cœur battait la chamade. Il ne savait que faire alors ils restait là, planter devant la porte, empêchant toutes entrées et sorties. Il fixait intensément son bien-aimé, avec une envie de lui sauter dans les bras et de l'embrasser langoureusement. Il se souvint alors de leur première fois ensemble ce qui le fit sourire. Soudain, un spasme lui traversa tout le corps mais, pourtant, il restait contre la porte.

- Fais comme chez toi...

Les mots étaient sortis d'eux-mêmes. Il s'attendait à sortir quelque chose de mieux mais il se sentait incapable. Mais, étrangement, son bras maléfique semblait briller plus fort que d'habitude, comme les battements de son cœur d'ailleurs. Le désir, la passion, l'amour... Tous ces sentiments, Erwann sentait que tout revenait. Il baissa légèrement les yeux sur le torse caché par les vêtements de Kaelis et se lécha les lèvres. Une lueur bestiales, presque de folie passa devant ses yeux. Son corps brûlait à présent, tous ses vêtements le gêner mais il resta pourtant paralyser, comme si le toucher aurait suffit à le faire exploser. Il tourna alors la tête brutalement et se mit à regarder sa petite bibliothèque dans un coin de la cabine, quelques mèches lui cachèrent les yeux.

- Kaelis...

Rien qu'en prononçant le prénom, ceci réussi à le faire frissonner. La chaire de poule pouvait se remarquer sur ses bras et son cou nus.

- Tu... Tu m'as terriblement manqué.

† Admin

Song

Le Rebelle maintenait son regard vers l'horizon, dans l'horizon se découpait cette forme majestueuse, écrasante de prestige, ces choses si belles qu'elles ne peuvent appartenir qu'à de nobles personnes. Son cœur battait à tout rompre, et il aurait accéléré le Temps pour abréger cet attente qui le brisait de l'intérieur, mais il resta immobile. Il ne pensait plus, rien du tout, seul la vue de ce navire l'importait. Il aurait bien pu se faire renverser, se faire bousculer, ou interpeler, il n'y aurait prêté aucune attention. Son Univers ne se résumait plus qu'à un bateau, un quelconque navire ... En effet, plus il approchait, plus le Miroir d'illusions de Kaelis se fissurait, jusqu'à voler en éclats au visage de ce dernier. Ce n'était pas Erwann. Un simple bateau royal. Kaelis se donna une contenance, déviant son regard, retenant son cri plaintif ... Il était pourtant sûr de le sentir pas loin. C'est dans cette triste et froide mélancolie que le Rebelle quitta le port, traînant les pieds, le cœur encore gonflé, le visage abattu. Il avait un peu changé, ses yeux ont conservés cette triste teinte grise, légèrement rouge. Loin de son regard flamboyant, couleur sang. Ses cheveux ont légèrement poussés, il ne s'est pas décidé à les couper. Ils encadrent juste mieux son visage. Avait-il vraiment changé dans sa façon de penser ? Non, pas vraiment, il essaie juste de concilier ses Amours : Erwann, ou son Métier. Il ne se voyait pas abandonner l'un deux. Il avait donc accepter le fardeau de l'éloignement, le lourd poids qu'impose la distance. Il erra un moment dans les rues, sans regarder où il allait, bousculant quelques personnes au passage, s'excusant brièvement en quelques mots confus, souvent dans une bafouille incompréhensible. Peu l'importer où il allait, il ne fait que errer à présent, un peu déçu, il y croyait vraiment aujourd'hui ... Ses pas le guidèrent, comme instinctivement vers le Port, après avoir fais le tour de la ville. Le Rebelle releva la tête, et il l'aperçut, enfin. Ce majestueux navire, ce géant des mers, l'Ecumeur des Mers. Le cœur de Kaelis fit un large bond dans sa poitrine, tandis que ce dernier restait immobile, l'air stupéfié, tremblant légèrement d'une envie indescriptible. Sans plus attendre, il courut jusqu'au navire, il monta à bord par la passerelle et eut la déception de ne trouver personne à bord. Il regarda autour de lui, un vent froid soufflait sur ce pont où les fantômes du passé semblaient dansés frénétiquement. Il n'osait pas foulé ce bois, il n'osait par faire craquer ses planches. Mais son désir le poussa à avancer, comme sur un navire fantôme, il marchait prudemment. Le Rebelle s'avança jusqu'à cette porte, celle de la cabine du Capitaine, cette antichambre de désir. Il posa sa main sur la poignée, l'abaissa, tandis que son cœur semblait s'arrêter, juste le temps de pousser la porte. C'est comme si il revenait dans ce monde, celui derrière la porte. Celui ans lequel il n'avait pas peur d'aimer un homme, où il apprenait à aimer, à fusionner avec une personne, Erwann ... Cependant il n'était pas là, son odeur planait dans la pièce, comme un doux et suave aura, un fantôme qui errait. Il posa sa main sur le mur, là où il avait embrassé Erwann pour la dernière fois, mais c'était comme si la main de ce dernier se posa sur la sienne. Kaelis eut un mouvement de recul, scruta autour de lui, il était indéniablement seul dans cette pièce. Il s'avança, faisant craquer le plancher à travers la silencieuse pièce. Elle n'avait pas changé, et elle paraissait encore plus agréable avec cette couleur orangée qui l'emplissait, presque chaleureuse, apaisante. Il s'avançait vers le lit, s'assit sur le bord, doucement pour ne pas le froisser. Le jeune homme glissa sa main sur la surface du drap, porta sa main sur son visage pour sentir cette délicate odeur. Il huma tendrement cette senteur, elle lui rappeler tant, il lui semblait presque les bras de son Pirate l'enlaçait, viril et tendre à la fois. Il se retourna dans un sursaut, il était toujours aussi seul. Kaelis se leva, un frisson lui parcourut l'échine, le Rebelle s'avança vers le bureau, il s'y appuya et commença à l'examiner. Soudain, une nouvelle sensation lui prenait les hanches, une présence, elle enroulait ses bras de ténèbres autour de son bassin, se resserrant contre lui, tandis que sa gorge se nouait, ses yeux se fermaient, son cœur s'arrêtait, il ne respira plus l'espace d'une seconde, une seconde qui s'écoula aussi longtemps que l'éternité. Kaelis vit volte-face, effrayé de ses illusions, son rythme cardiaque s'était accéléré, son cœur battait à tout rompre. Il tourna sur lui-même, jetant un dernier regard à la pièce, puis il en sortit, même si il n'avait pas vu Erwann, il se sentait un peu mieux, et l'espoir renaissait en lui comme un brasier ardent. Il s'avança, tête baissée, jusqu'à la passerelle, puis arrivé sur le quai, il bouscula un homme encapuchonnés. Il s'apprêta à parler, mais cette voix résonna dans la tête de Kaelis, le Rebelle se retourna, les yeux stupéfiés, le coeur prêt à exploser dans sa poitrine, c'était lui. Erwann, le Capitaine. Kaelis ne bougea pas, il croyait en une illusion, comme celle que lui procurait ce navire, mais il semblait si réel. Le Rebelle, terriblement troublé, resta immobile, ses lèvres tremblaient légèrement, elles murmuraient, des choses incompréhensibles, il bredouillait, sans aucune paroles. Ils se regardaient, le crépuscule derrière eux, ne formant plus que deux ombres face à face. Soudain, le Pirate se rua sur Kaelis, lui prit la main et l'emmena dans la cabine précédemment visitée. Erwann ferma soigneusement la porte à clef, puis il s'y adossa. Ils restèrent à ses regarder encore une fois, à se jauger, à se demander si l'autre n'était pas une illusion. Kaelis n'osa pas parler, il tenait fermement sa main serrée contre sa poitrine. Ses yeux, eux, semblaient briller d'un nouvel éclat, et le rouge sang reprenait vie, tel une rose nouvelle qui fleurissait progressivement. Lui non plus ne savait pas quoi dire. Kaelis n'avait jamais réfléchi à ce qu'il ferait si il retrouvait Erwann, il s'en trouva fort démuni. Les mots d'Erwann frappait dans sa crâne comme une rengaine incessante, terrible. Un écho lointain qui ébranlait son coeur de sentiments. Il s'approcha, d'un pas prudent, puis un autre, et un autre, jusqu'à faire face au Capitaine. Il plongea son regard dans celui du Pirate, il n'avait pas changé, comme si le Temps avait entendu les prières du Rebelle. Kaelis approcha sa main du visage d'Erwann, du bout des doigts, il effleura sa joue, glissa jusqu'à son menton, juste avant de l'attraper délicatement entre son pouce et son index. Il resta inexpressif, jusqu'à qu'un sourire naquit sur ses lèvres, ses yeux se remplirent de larmes, tandis que sa voix résonna dans le calme de la pièce. Cette même pièce où les fantômes dansent.

- Erwann ... Tu n'as absolument pas changé ... J'ai l'impression que tu ne m'as jamais quitté, c'est comme si tu étais toujours prêt de moi ... Si tu savais, je n'ai jamais cessé de penser à toi. Je t'ai attendu, ça fait si longtemps.

Le Rebelle s'approcha lentement du visage d'Erwann, s'arrêtant juste devant ses lèvres, leurs souffles se croisèrent, et dans une larme de bonheur, Kaelis scella sa joie en posant ses lèvres sur celle du Pirate, à nouveau détruit, complètement agenouillé devant cet homme. Il effleurait son visage, redessinait ses courbes, sentant son odeur, appréciait sa peau. Il redécouvrait sa possession, ou plutôt son possesseur. Il glissa ses doigts dans ses cheveux, laissant l'amour et le désir régirent son corps. A quoi bon réfléchir ? Avoir attendu aussi longtemps pour simplement réfléchir, cela n'en valait pas la peine. Kaelis se recula légèrement, puis il encercla le cou d'Erwann de ses bras, presque accroché à ce Capitaine, il colla sa tête contre lui, au creux de son cou, se laissant aller à ses sentiments les plus refoulés. N'était-ce pas simplement justice ? Ses attentes, ses larmes, ses cris. Ne devaient-ils pas être récompensés à présent ? Et il savourait son corps comme le fruit de sa loyauté, comme le trésor le plus intime de son Univers, il le serrait fort contre lui. C'était la preuve de son existence. Jamais il ne s'était lassé de lui courir après, jamais il ne s'est lassé de l'attendre. Le Rebelle se frotta tel un chat contre son Amant, avant de se décaler, toujours accroché au cou d'Erwann. Son regard était de nouveau flamboyant, heureux et vif, et son sourire venait de réapparaitre, disparu sous les poussières du passé. Il lui embrassa tendrement la commissure des lèvres, avant de le regarder droit dans les yeux, d'un regard que seul les amants peuvent comprendre, un regard empli d'amour que seul les coeurs purs peuvent interpréter. Juste ce regard, rouge, passionnel.

- Je t'aime, Erwann ...

- Je t'aime, Erwann ...

Ces mots résonnèrent dans la tête du capitaine qui, au contact de Kaelis, ses doigts, sa bouche et à la vue de ses yeux rouges rubis, frissonna. Il était confus, il était comme sur un petit nuage. Et il fut encore plus troublé quand Kaelis l'enlaça et posa son menton sur l'épaule du pirate, laissant son cou à découvert. Erwann souria et approcha sa bouche de l'oreille de son amoureux pour lui susurrer d'un ton grave et sensuel quelques mots.

- Moi aussi mon trésor...

Et il glissa dans son cou, soufflant délicatement et l'embrassa pendant que ses mains commencèrent à enlever doucement le manteau de l'homme qui se laissait faire. Le pirate lui enlaça tendrement les reins en-dessous de sa chemise et lui effleura délicatement de cou avec les lèvres, titillant son lobe tout en continuant de lui caresser le dos, le bas du dos et les reins. Kaelis commença à avoir la respiration saccadée, des frissons lui parcoururent tout le corps et il se laissa faire docilement, s'appuyant contre le pirate dont la chaleur corporelle ne cessait d'augmenter.
Soudain, il se stoppa net et se recula légèrement de Kaelis -enfin, il le repoussa puisqu'il était bloqué contre la porte.

- Je... Je dois... J'ai chaud, pas toi ?

Dans un sourire coquin, Kaelis s'esseya dans le canapé de la cabine et croisa ses jambes tout en continuant de fixer Erwann avec provocation. Celui-ci enleva sa veste et servit deux whisky dont un qu'il tendit à Kaelis. Celui-ci le prit délicatement. Quant au pirate, il s'assit à côté de lui et but une gorgée de l'alcool. Cela le réveilla et lui fit prendre conscience que ce qu'il vivait n'était pas un rêve mais bien une réalité, éphémère, certes, mais bien réelle. Pourtant, il sentait qu'être avec Kaelis, cet homme dont il ne connaissait que le physique et le nom, était comme un cadeau empoisonné. Être avec lui était merveilleux mais, pourtant, il savait qu'il n'aurait pas eu la force, le courage de l'attendre, l'attente l'aurait tué. Et puis il ne savait pas vraiment qui il était, pour qui travaille-t-il ? Et si il était un espion envoyé par l'ennemi ? Après tout, il l'avait déjà trompé la première fois qu'ils s'étaient rencontrés. Pourtant, Erwann s'inquiétait pour rien puisqu'il aurait eu un mauvais pressentiment si il y avait eu danger, alors qu'il n'avait rien ressenti d'anormal. Sauf son bras maudit qui brillait plus fort que d'habitude... Mais le Navigateur s'en moquait, il voulait simplement en profiter, profiter de l'instant présent. Alors qu'ils sirotaient tranquillement leur verre, Van eut une drôle d'idée. Il se leva du canapé et se dirigea vers la porte menant à la chambre à coucher. Arrivé devant la porte, il porta à ses doigts les clefs qui permettaient de sortir de la cabine.

- Si tu les veux, il faudra me passer sur le corps...

Toujours de dos à Kaelis, il le regarda d'un air provocateur, un sourire aux lèvres et entra dans la chambre. A travers le hublot, il faisait déjà nuit et la lune miroitait dans l'eau. Erwann posa son verre sur sa table de chevet et alluma une lampe posée dessus. Il s'installa dans le lit et ferma les yeux. Il avait laissé ouverte sa main humaine où reposait les clefs. Quand il entendit la poignée de porte tourner, il se décida finalement à éteindre la bougie et attendre calmement, les yeux ouverts dans l'obscurité. Ce soir, il voulait surprendre son amant et être surpris lui aussi...

† Admin

C'était ainsi qu'il se sentait bien, contre son corps, ses lèvres écrasées contre les siennes. Déjà, son manteau glissait sur le sol, tandis que ses mains redessinaient ses reins, caressaient son dos. Comme une invitation au plaisir, il tendit son cou, nu et découvert, comme on le pourrait le donner à un vampire. Lui posa ses lèvres, brûlant de sa chaleur son cou, pourtant, des longs et agréables frissons parcouraient l'échine du jeune homme, prit pas le désir. Kaelis s'appuya un peu plus fort contre Erwann, sentir mieux sa chaleur, toucher son corps d'une autre manière. Mais dans cet élan, peut être un peu bestial, il fut arrêté, Erwann le repoussa, gentiment. Kaelis fut surpris, mais il ne broncha pas, et dans un sourire charmeur, il partit s'assoir sur le canapé, croisant les jambes pour se mettre à son aise. Pendant ce temps, le Capitaine se dévêtit de sa veste, puis il servit deux whiskys pour finalement venir s'assoir à côté du Rebelle, et lui tendre le verre. Le jeune homme regardait le fond de son verre, faisant tourner les glaçons au milieu de l'alcool, cette boisson lui rappelait leur rencontre, sur ce même navire, dans cette pièce, rien qu'à deux. Il but une gorgée, c'était apparemment le même. Un sourire se dessina sur son visage. Mais malgré ça, le Rebelle était en proie à de violentes réflexions soudaines ... Cette relation avec Erwann, n'était-elle pas que physique ? Que sait vraiment Erwann sur Kaelis ? Peu de chose, si ce n'est rien du tout ... Il ne connait que son physique, que ses baisers, sa chaleur. Kaelis n'en sait pas plus non plus du Capitaine. Même si il voulait tout savoir, il voulait le comprendre dans ses moindres détails, savoir ce qu'il pense, ce qu'il aime ou déteste, ses habitudes, sa vie. Mais cet éloignement ne le permettait pas. Le Rebelle resta silencieux, le verre à moitié vide, peut être à moitié plein, dans la main. Subitement, le Pirate se leva avec son verre et se dirigea vers la chambre, sans se retourner sur Kaelis, brandit la clé de la cabine. On devinait facilement l'humeur taquine et joueuse d'Erwann, on devinait facilement son envie de jouer. Kaelis sourit, amusé, et finit son verre d'un trait. Ce qu'il aimait Kaelis, c'est être surprendre. Il n'a jamais aimé ce qui était direct, les sous-entendus le déstabilisent. Le Rebelle se leva lentement, avança jusqu'à la porte et posa sa main sur la poignet. Il resta un moment inerte, quelques secondes, puis il se décida à ouvrir la porte. La Pièce n'avait pas changé, aussi simple, mais sombre cette fois. Il faisait presque nuit, et on ne pouvait plus que distinguer les formes. Un faible rayon lumineux passait par la fenêtre, la lumière de la Lune, glissant sur le sol, touchant à peine le lit. Kaelis vit tout de suite son compagnon allongé sur ce même lit, la main ouverte, la clé au creux de celle-ci. Kaelis monta sur le lit, s'installa à califourchon sur Erwann, sans l'écraser, puis il posa sa main sur la sienne, croisant ses doigts, et scellant la clé au milieu de cet union symbolique. Le Rebelle, son sourire charmeur sur les lèvres, approcha son visage de celui d'Erwann, à quelques centimètres à peine.

- Crois-tu vraiment que j'ai envie de prendre ses clés ? Après tout, ce qui m'importe, c'est toi ...

Le Rebelle, qui s'abstenait depuis le début, jeta finalement un regard au bras maudit d'Erwann. Il avait toujours éprouvé une attirance pour cet aura mauvais qui se dégageait de ce membre. Mais il s'était abstenu, pendant à Erwann, sûrement gêné de cet attrait. Mais le Rebelle ne pu se retenir, là, dans l'obscurité, il brillait tellement. Un éclat sauvage. Il ne l'avait touché qu'une fois, du bout des doigts. Le jeune homme détourna le regard et se pencha un peu plus sur Erwann, posant ses lèvres contre les siennes. Malgré la fraicheur de la nuit, les amants n'avaient pas froid, emportés par la chaleur de l'amour et du désir. La main libre de Kaelis vint caresser le visage du Pirate, effleurant ses joues, filant ses cheveux comme des fils de soie. Il joua avec ses lèvres, les mordant délicatement, ses effleurant à peine, pour mieux les écrasées ensuite. Pris dans ce terrible mais si agréable jeu. Le Lune montait, venant éclairer les deux hommes allongés sur ce lit, l'un sur l'autre, leurs lèvres enchevêtrée, leurs paumes de mains scellés.

Tell me more about you...

Les rayons de la Lune illuminaient la pièce. C'est ainsi qu'Erwann vit Kaelis s'allongeait sur lui et senti ses lèvres contre les siennes après lui avoir sussurer à l'oreille que ce qui comptait pour lui à ce moment-là, c'était lui. Le coeur du pirate ne fit qu'un bond. Entendre ces mots délicats avec cette voix sensuelle et, surtout, sentir cette chaleur émanant de ce corps puissant, toutes ces choses faisaient chavirer le pirate malgré que celui-ci soit habitué à la mer et à son comportement tout le temps changeant. Il savait la maîtriser assez correctement mais, dans sa situation actuelle, il se sentait complètement désemparé. Il ne pouvait que subir le comportement enflammé et en même temps délicieux de Kaelis. Mais, pourtant, Erwann savait que cette situation était dangeureuse et pouvait tourner rapidemment à son désavantage mais qu'importe. Il savait que même si cela devait lui coûter la vie, celle-ci n'aurait pas été gâchée, bien au contraire. Il avait vécu tellement de choses, vu tellement de magnifiques paysages, rencontrait tellement de personnes dont la plus extraordinaire et la plus importante à ses yeux se trouvait au-dessus de lui, juste là, auprès de lui, l'embrassant et glissant ses doigts entre les siens. Il voulait tellement que cette nuit dure éternellement mais il savait que le temps continuerait de tourner malgré eux, que la vie suivrait son court malgré tout.
Il étreigna alors Kaelis, celui-ci se trouvant à quatre pattes entre ses jambes légèrement recourbés. Mais son esprit curieux reprit le dessus. Doucement, il prit le visage délicat de Kaelis entre ses mains -enfin, disons plutôt qu'il lui prit le menton à l'aide de sa main humaine puisqu'avec l'autre, il avait peur de le blesser. Il posa son front contre celui de son bien aimé et fixa ses lèvres fines et délicates, une grande envie de l'embrasser. Mais il se retint, garda son sang-froid malgré que sa respiration se faisait haletante, étant troublé par Kaelis. D'une voix grave et sensuelle, il lui demanda doucement :

- Kaelis... Qui es-tu vraiment ? Parles-moi de toi...

[HS : Désolé pour le post court]

† Admin

Song

Alors que le Rebelle effleurait délicatement les lèvres du Pirate, tandis qu'il le serrait plus fort contre lui, il lui demanda enfin qui il était vraiment. Kaelis se stoppa un instant, un peu surpris par la question, surtout dans cette situation. Mais sans soubresauts, sans laisser transparaître son étonnement, il se redressa juste un peu. La Lune n'éclairait que ses lèvres, ses lèvres qui dessinèrent un léger sourire en coin. Son regard n'était que provocation, ses cheveux un peu ébouriffé par sa passion. Dans ce silence, de ce qui laisse le suspens planait dans l'air, tel un nuage suffocant. Lentement, presque dans une sensation de ralenti, Kaelis se pencha sur Erwann, embrassa tendrement sa joue, glissant ses lèvres jusqu'à son cou. Il avait le droit de savoir, même si le Rebelle n'appréciait guère parler de lui. Le jeune homme est quelqu'un sans histoire, il n'a pas eu d'enfance malheureuse, mais des parents aimant et une famille chaleureuse. Non, il ne s'est jamais plaint. Qu'est ce qui justifiait ce silence alors ? Pourquoi ne parlait-il jamais de son Histoire ? Au fond, il ne le savait pas lui même. Par pudeur sûrement, peut être se sentirait-il en position de faiblesse ? Pour maintenant, cela n'avait plus tellement d'importance, rien que d'être étreint par les bras puissants d'Erwann suffisait à faire fléchir le Rebelle. Kaelis remonta jusqu'à l'oreille du pirate, pour lui susurrer son Histoire, au creux de l'oreille, pour que personne ne l'entende.

- Kaelis Maëlyo, Bras droit du Chef Rebelle. Originaire d'Alans.

La Formulation pouvait sembler un peu strict si le jeune homme n'avait pas utilisé une douce voix suave et sensuel pour parler au Pirate. Cela prenait les allures d'un jeu, celui où il faut découvrir son partenaire. Lentement, la main droite de Kaelis vint déboutonner la chemise d'Erwann, dévoilant son torse puissant et ses muscles développés. Kaelis se cambra un peu plus, glissant contre le corps du Pirate. Il vint embrasser son torse, sucer timidement sa peau douce, légèrement éclairée par les rayons de Lune. Qu'il était agréable de pouvoir coller sa tête contre le torse sécurisant de la personne qu'on aime. Et le Monde aurait bien pu s'écrouler, et la Terre s'arrêtait de fonctionner, il n'aurait pas eu peur. Il lui semblait intimement qu'il ne pouvait plus rien lui arriver, ici, contre le torse de celui qu'il aime. Entre quelques brûlants baisers, Kaelis se cala sur le torse du capitaine, reprenant son Histoire.

- J'ai pour objectif d'aider les innocents, ce qui m'a poussé à rejoindre la Rébellion et a en gravir les échelons. Je suis appris à maîtriser les arts militaires, et les pouvoirs psychiques ...

Sur ce, le Rebelle interrompit son récit, se redressant un peu. Il regarda Erwann profondément dans les yeux. Le bleu ciel, si calme et doux, venait se confronter au rouge flamboyant, agressif et sauvage. Un Saphir et un Rubis réunis. Le jeune homme, tout en caressant le ventre et le torse d'Erwann, embrassait à présent celui-ci dans le cou, toujours de cette façon délicate et suave, qui donnait à ses baisers une douce fougue brûlante. Cette retenue d'adolescent, comme si il ne s'abandonnait pas entièrement à son amant. Même si, au fond, il lui était complètement asservi. Et il n'y avait aucune retenue, ni restriction, ni barrière. Mais il préférait se réserver, attendre encore un peu, faire languir la passion. Chaque baiser participait au Crescendo, un peu plus fort et chaud, plus suave et puissant. Le Rebelle, toujours caché dans le cou et les cheveux du pirate, se décolla à peine pour parler.

- Je ne vis ni pour la reconnaissance, ni pour la gloire. Je ne montre que très peu mes sentiments, et je déteste le fait d'être juger par notre apparence ... Et aussi, je ... Je n'ai jamais aimé un homme, pas comme je t'aime, toi ...

Kaelis resta silencieux suite à ça, il semblait en avoir finit. Au fond, il n'avait énoncé que des détails, mais sa vie n'était faite que de détails. Et c'était les premières choses qu'il lui passait par la tête. Cela semblait un peu maladroit, et il n'en était que plus adorable, un peu gêné au bout du compte. Mais il resta calé dans le cou d'Erwann, silencieux, respirant doucement, effleurant de son souffle chaud la gorge du capitaine. Il était pensif. A quoi pensait-il ? A Zak, son grand-frère. Oui, il l'aime aussi. Quelque chose de fort existait entre eux, et Kaelis regrettait encore son enfance auprès de Zak. Et il ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Ce n'était pas le même type d'amour qui liait Kaelis et Erwann. Mais il était tout aussi fabuleux, peut être plus agréable, mais plus douloureux aussi ... Kaelis se redressa, un sourire aux lèvres. Mais cette lueur bleue, pourquoi ne cessait-elle pas ? Le Rebelle tourna la tête sans gêne, lui qui se réserver d'embarrasser Erwann, à présent il ne répondait plus qu'à ses instincts le plus refoulés. Ce n'était que Envie. Autour de ce bras, cette étrange flamme bleue, pratiquement invisible, elle semble si immatérielle. Et pourtant, elle brillait bien dans la nuit, de son éclat cruelle et mauvais. Kaelis approcha sa main droite, s'arrêtant juste au dessus de la main du Pirate. Il déglutit, un peu hésitant, avant de refermer ses doigts entre ceux d'Erwann, les doigts de sa main maudite. Et en un instant, un violent aura submergea Kaelis, pénétrant par sa main. Ses doigts tremblèrent, sa cicatrice dorsale s'embrasa. C'était profondément mauvais, très maléfique. Cet aura, il semblait dévorer Kaelis de l'intérieur. Malgré la douleur que procurait ce toucher, le Rebelle serra plus fermement la main, sans pour autant la lâcher. Et dans ce combat intérieur, celui qui repoussait l'aura maléfique, il gagna. Libre de son corps. Il resta un instant stupéfié, silencieux. Le jeune homme ne s'attendait pas à ce genre de phénomène, mais il se contenta de sourire. Heureux de ne plus avoir mal, de pouvoir sentir et toucher le côté le plus obscur d'Erwann. Kaelis se pencha, vint effleurer ses lèvres, timidement, avec sa légère retenue. Il resta, front contre front, haletant, brûlant, heureux et souriant.

- C'est assez, je suppose ... Moi aussi je me demande qui tu es réellement ... Sûrement, quelqu'un de mystérieux ...

Sweety childhood...

Doucement, Kaelis continuait à embrasser Erwann frissonnant et se sentant de plus en plus faible, soumis à cet homme le possédant complètement.

- Kaelis Maëlyo, Bras droit du Chef Rebelle. Originaire d'Alans.

Malgré que le rebelle l'ai dit d'une façon plutôt rassurante, Erwann prit soudain peur. Qui était cette organisation ? Certes, elle se rebellait, elle ne tenait pas pour le royaume mais aider les innocents. Peut-être que Erwann ne tuait pas que des innocents - hélas, il arrivait qu'il croise un gêneur - mais il ne les aidait pas non plus ! Il était corrompu, comme tout pirate qui se respecte. En plus d'aider les pauvres gens, il avait des pouvoirs psychiques. Erwann se demanda alors s'il n'était pas sous l'emprise de Kaelis... Impossible, peut-être a-t-il des sentiments humains, il n'en restait pas moins différent dans certains points de ces êtres faibles... Il réfléchit un moment : Kaelis n'était-il pas lui-même humain ? Il était donc tombé sous le charme d’un humain finalement. Ironie du sort. Enfin, qu’importe. Ils étaient heureux ensemble, n’était-ce pas le principal après tout ? Réflexion faite, il remarqua –enfin- que sa chemise était déboutonnée et que Kaelis le regardait intensément, comme s’il eut envie de lire dans ses yeux bleus azur. Mais il se remit à embrasser le cou du pirate tout en le caressant ce qui accentuait ses battements de coeur, sa respiration se faisait de plus en plus saccadée.

- Je ne vis ni pour la reconnaissance, ni pour la gloire. Je ne montre que très peu mes sentiments…

Le capitaine Escado sourit à cette remarque. Si, pour Kaelis, ceci était très peu… Quoiqu’après tout, ce qu’ils vivaient, ce n’était peut-être que pour le sexe…

- … Et je déteste le fait d’être juger par notre apparence…

Derechef, le pirate sourit : pour eux, au contraire, l’apparence pouvait être une arme de tromperie donc soigner leur tenue vestimentaire était très important pour eux. Van se rendit compte qu’entre Kaelis et lui, il y avait beaucoup de différences, peut-être un peu trop… Erwann se sentait perdu et la fin du petit discours de Kaelis n’arrangeait pas les choses. Il l’aimait vraiment. Il leva la tête vers le pirate, souriant. Il était vraiment mignon quand il était comme ça. Mais, soudain, il tourna sa tête et sa concentration se dirigea vers cette main qui lui rappelait ses origines. Origines maudites. La main droite et hésitante de Kaelis se posa sur la sienne et, d’un seul coup, il y eut comme une sorte d’éclair, une violente sensation qui s’empara du bras tout entier du pirate. Mais il sentait aussi que son bien aimé luttait lui aussi. Il vit alors quelque chose d’effroyable, qui lui glaça le sang. Il pouvait à tout instant tuer Kaelis, c’était selon sa volonté. Des gouttes d’eau perlaient sur leur front, l’un, s’adonnant à une bataille acharnée et l’autre, glacé par l’idée qu’il pouvait tuer son amant dès maintenant. Mais il chassa cette idée de son esprit et se dit qu’il l’aimait trop pour pouvoir le tuer. Alors la force maléfique disparut de Kaelis qui, essoufflé, posa son front contre celui d’Erwann, toujours sous le choc. Il retourna la question à Van qui lui répondit aussitôt, ne voulant s’attarder sur ce qu’ils venaient de vivre.

- Je suis né maudit et il est vrai que beaucoup de mystère m’entoure mais je n’ai rien à cacher. Je déteste le mensonge et la trahison, classique pour un pirate ! Mais, selon mon père –adoptif en réalité-, une mission m’aurait été donnée. Mais bon, je commence à ne plus vraiment y croire… Qu’importe ! Ma vie n’est pas vraiment brillante, pas comme toi. Disons que j’enlève plus de vies que je n’en sauvent bien malgré moi.

Erwann sourit tristement. Viol, pillage, barbarisme, sang, navire, corsaire, épée, poudre et canon… La réputation des pirates était ainsi faite. Pas réjouissante, certes, mais ils vivaient avec et pour rien au monde ils l’auraient changée. Ils avaient choisi cette voie, c’était leur destin. Ils étaient nés marins et c’est ainsi qu’ils finiraient.

- Enfin bref, ça peut te paraître insensé mais si tu veux savoir d’où me vient le bras, ce sont mes origines qui l’ont voulu. Je suis né mi-ange, mi-démon… Enfin, après tout, tu es libre de croire ce que tu veux mais sache que je ne te mentirai jamais puisque je suis pratiquement sûr que je peux te faire confiance. Et puis, c’est mon instinct de Navigateur qui me le dit !

Dans le noir, il lui fit un clin d’œil que Kaelis n’aurait sûrement pas remarqué. Doucement, il glissa sa main dans le dos de Kaelis tout en calant sa tête dans le cou de son partenaire. Avant de toucher des lèvres le cou du rebelle, il lui murmura doucement un « Je t’aime » avant que celui-ci l’allonge sur le lit, le soumettant à son corps puissant et brûlant de désir…

† Admin

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Cette sensation ... Malgré qu'elle ne le faisait plus souffrir, il la sentait encore, ancré en lui. Comme un dangereux poison courant dans ses veines. Un frisson lui parcourut l'échine. Oui, cet aura, il persistait longtemps. Ses mains et ses lèvres en tremblent encore. Mais à présent, il tenait la main maudite d'Erwann dans la sienne, cherchant à lui montrer qu'il n'en avait pas peur, qu'elle faisait partie de lui. Et qu'il l'acceptait aussi. Il écouta attentivement le Pirate, toujours logé au creux de son épaule, respirant son parfum, appréciant sa chaleur. Mi-ange mi-démon ... Un hybride en somme. Kaelis jeta un regard au bras maudit, au fond, Erwann n'en savait pas beaucoup plus que lui. Il a juste appris à vivre avec. Kaelis aimait réellement le Navigateur, malgré leurs différences. Il ne lui en voulait pas, même si il s'était fait un devoir de sauver les innocents. Il lui pardonnait. A la fin de son récit, il reprit, glissant sa main dans le dos, ce qui fit grimacer le Rebelle. En effet, dans son dos, une large et plutôt longue cicatrice rouge marquait son dos. Peu douloureuse, mais assez gênante. Il mit de côté son complexe, et vint écraser ses lèvres contre celles du pirate. Le jeune homme l'allongea sur le dos, d'un naturel un peu dominant, même si en profondeur, c'était le seul dominé. Mais par protection, il s'était donné l'obligation de paraître dominant. Et parfois lui vint l'envie de succomber, juste être soumis à un être de confiance. Juste pour savoir ce que ça fait, d'être à la merci d'un homme. Déjà, sa langue effleurait la joue du pirate, descendant lentement sur son torse chaud. L'homme déboutonna le pantalon d'Erwann, prêt à laisser libre cours à son désir. Et c'est sous la respiration saccadée du Navigateur que le Rebelle se sentait en confiance, conscient du fait qu'il était à lui, rien qu'à lui, et qu'il pouvait le rendre heureux. Même si ce n'était que le langage du corps, souvent bien trop universel ... Kaelis se releva brusquement, vint embrasser sauvagement le pirate, dévoré de passion et d'ardeur. Prêt, enfin, à se livrer au Pirate, soumis, comme il l'est vraiment. Il était son véritable Maître, la seule personne qui avait réussi à l'asservir. Le Rebelle se déshabilla, enleva son pantalon, il ne voulait plus qu'être aimé et touché par cet homme, Erwann, aussi violemment qu'il le pouvait, dans le douloureux et sensuel toucher de l'amour. Kaelis avait déjà fait l'amour, peut être plus par besoin d'homme que par véritable amour, et rien n'était comparable à ce qu'il vivait, même si c'était avec un homme. Il faisait l'amour, mais parce qu'il aimait Erwann, parce qu'il ne voulait que lui, et son intimité, il lui offrait son retenue. Son corps appartenait au Navigateur. Les doigts du Rebelle se posaient sur les lèvres du Pirate, ce dernier le léchant du bout de la langue, et leurs lèvres suçaient la peau de l'autre, dans un profond désir. Leurs mains ondulaient contre leur corps nus et chauds, leur visage en sueur, pris d'une transe inexplicable. Kaelis l'étreignit aussi fort qu'il pu, accroché à lui, ancré à son corps. C'était si agréable, malgré cette douleur encore nouvelle pour l'homme, cette contraction dans le bas-ventre, ses coups de reins ... Essoufflés, épuisés, brûlant de fièvre à cause du désir, leur danse, leur jeu, prit fin dans un dernier râle, puissant et viril, ce soupir de l'homme, de deux hommes ... Kaelis s'allongea, se glissant de façon féline sous les couvertures, encore nu et brûlant. La Lune éclairait presque intégralement la chambre, et s'en suivi en silence, on n'entendit plus que le bruissement de la mer et le vent qui faisait craquer le plancher du pont. Le doux roulis des vagues berçait le navire, faisant onduler la chambre. Kaelis s'approcha d'Erwann, se colla contre lui, se glissant sous son bras pour en être encerclé et reposer sa tête contre le torse viril du Navigateur. Leur respiration, encore haletante, se fondait dans le silence, tandis que le Rebelle, apaisé, somnolait docilement contre cet Homme, encore à sa merci. Il ouvrit les yeux, un regard triste se lisait dans ses yeux, une petite moue boudeuse sur les lèvres.

- Tu sais, tu m'as vraiment manqué ... J'ai réellement besoin de ton affection, plus que tu ne le crois ... Je commençais à perdre espoir, j'avais peur que tu m'aies oublié, que je n'étais que de passage pour toi. C'est stupide, mais chaque soir, j'avais cette impression que tu allais venir, et j'attendais sur le port ... Lorsqu'il y avait un évidemment !

Un petit rire nerveux lui échappa, il se sentait un peu ridicule et gêné ... Sa main gauche décrivait de petits cercles sur le ventre d'Erwann, de légères caresses affectueuses, tandis que son autre main reposait tranquillement à côté de sa tête, contre le torse du pirate. Le rebelle, pour rien au monde, n'aurait voulu céder sa place : il était si bien contre son amant. Mais comme la dernière fois, cet élan d'amour nourrissait en Kaelis de nombreux doutes et réflexions, plus ou moins graves. Même si il ne préférait pas y penser. Il ferma lentement les yeux, sans s'assoupir, il n'avait pas sommeil, il était beaucoup trop heureux pour pouvoir dormir maintenant. Le silence retomba dans la pièce, toujours sous le joli chant de la Mer qui donnait sa sérénade sous leur fenêtre. Kaelis rompit le mutisme, comme à son habitude, à croire qu'il ne supportait pas ce silence ...

- E-Est ... Est-ce que je peux passer la Nuit avec toi ? J'aimerai tellement ... Évidemment, si ça te dérange, ce n'est pas grave ! C'était juste une idée ...

De nouveau gêné, le Rebelle se mit à rougir, se recroquevillant un peu plus contre Erwann, son visage pratiquement caché par ses cheveux. Il avait tellement envie de vivre une nuit avec lui, comme un couple simple, comme deux amoureux ... Juste à parler, à se câliner, puis dormir. Et finalement se réveiller à ses côtés, auprès de son corps, de sa chaleur, pouvoir le toucher. Cela peut sembler bien trop naïf, un peu trop sentimental, mais il en avait besoin, un peu d'affection ...

Les chaudes caresses, les baisers enflammés, le désir intense de l’autre, une fougue passionnée… Erwann aurait été capable de tout donner pour Kaelis, lui offrir les plus belles choses qui pouvait exister au monde. Cet homme, il l’aimait vraiment, d’un amour sans limites malgré le peu d’informations qu’il avait sur lui. Leur corps chaud entremêlés ne cessait de s’ébattre et d’aller et venir… Leurs ébats se terminèrent enfin sous leur respiration haletant et leur cœur battant la chamade. Ces moments passés avec Kaelis, Erwann voulait s’en souvenir toute sa vie, ces souvenirs de ce corps, de ce sourire, de la moindre petite cellule qui le composait, tous ces éléments, Erwann ne voulait, ne désirait plus que lui. Kaelis lui expliqua alors qu’il n’avait pas arrêté de l’attendre, la peur s’était renforcée avec l’attente sur les docks, quand il pouvait ce qui le fit rire. Erwann sourit tout en se laissant faire, s’abandonnant totalement aux caresses du rebelle. Puis un silence pesant tomba dans la cabine. Dehors, le bateau tanguait calmement sous les rayons de la Lune, berçait par les vagues qui venaient s’abattre contre la coque du navire. Personne n’aurait pu se douter qu’à l’intérieur, un couple peu commun s’y reposait après avoir passé une chaude nuit. Le silence fut soudainement interrompu par la voix du jeune homme assoupi sur le torse de son amant. Il lui demanda gêné s’il ne pouvait pas rester une nuit avec le pirate qui sourit à cette question. Il lui répondit doucement :

- Bien sûr que tu peux rester ! Tu peux même rester toute ta vie avec moi si tu veux ! Ce navire sera comme ta deuxième maison. Elle peut même être ta première…

Il avait murmuré dans les oreilles du rebelle et l’embrassa gentiment sur les lèvres.

- Restes avec moi… Toi aussi tu m’as manqué, tu sais ?

Et il se remit à l’embrasser. Sous le feu de l’action, il se mit au-dessus de Kaelis qui se laissait faire docilement. Les lèvres, la joue, la nuque, le torse pour enfin remonter à son visage. Il le fixa, les yeux à demi-fermés mais remplis de malices. Il emprisonna alors ses poignets et les mis au-dessus de la tête de Kaelis, totalement soumis à présent puisque le capitaine avait également bloqué ses jambes par les siennes. Il replongea vers la nuque délicieuse du rebelle et, dans un souffle qui le fit frissonner, il murmura :

- Je ne sais pas ce qui me retient à toi mais je te désire plus que tout au monde. Je te veux toi et rien que toi… Je te désire encore, tu dégages une odeur puissante qui m’attire et qui m’enivre complètement. Etrangement, je ne le ressens qu’avec toi. Est-ce ceci que l’on appelle Amour ?

Et il l’embrassa langoureusement, jouant avec sa langue, cet organe puissant, et ses lèvres si fines et délicates fusent-elles. C’est vrai qu’il se sentait comme piégé, lui devant tout, il était complètement accro comme un bateau ancré à son port. Il aurait été capable de lui faire l’amour toute la nuit car il ne savait pas ce qui les attendait le lendemain. Il se disait que, peut-être, ils ne se reverraient plus jamais, peut-être allaient-ils même devoir s’affronter ? Après tout, ils étaient tellement différents l’un de l’autre… C’était ce dont Erwann redoutait le plus.

- Je ne veux pas me battre avec toi et même si un jour cela devait arriver, je ne chercherai pas à te vaincre et je serai ton prisonnier. Je préfère finir sous tes mains que de te tuer.

Soudain, les membres des deux hommes se raidirent et Kaelis laissa échapper un léger soupir rempli de douleur mais, en même temps, de désir. Escado vint murmurer à l’oreille du rebelle un : « Punis-moi » suppliant et plein de remords. Il lui libéra les poignets et, sans que Kaelis puisse agir, il alla sous le drap au niveau des reins du rebelle et celui-ci pinça ses lèvres, serra les poings et ferma les yeux. Le désir, le septième ciel montait en lui en même temps que le pirate accélérait le mouvement… Après un moment, ce qui devait venir vint. Kaelis gémit, se crispa sur les draps et eut de légers spasmes. Quant au pirate, il sortit de sa cachette, posa sa tête à côté de celle de son amant tout en laissant une de ses jambes chevaucher son bassin. Lui aussi était émoustillé, cela pouvait se sentir… Il balada son index sur le torse du bras droit du chef des rebelles. Cet homme si important pour la société terrestre se trouvait en ce moment-même avec un bandit des mers. Quelle étrange double vie ! Mais, après tout, ce n’était pas Erwann qui avait imposé ce choix à Kaelis mais c’était plutôt le rebelle qui était venu au pirate et celui-ci avait de quoi en être fier.

- Ne penses plus à rien, oublis tes ennuis, je suis là pour te faire tout oublier le temps d’une nuit… Ou plus si tu restes avec moi… La balle est dans ton camp à présent…

Mais il s’attendait à ce que le rebelle n’allait pas répondre positivement à cette question. Qu’importe, il savait que Kaelis ferait le bon choix, il avait confiance en lui, son trésor et le seul amour de sa vie.

† Admin

Song

Kaelis resta silencieux, bien trop pensif. Ces courts instants, après l'Amour, était sujet aux plus profondes réflexions. Encore une fois, il savait que ces étreintes n'étaient que rêves éphémères, même si, normalement, ils se reproduiront. Même si aujourd'hui, il allait passer la nuit avec lui, pour la première fois. Oui, il aurait voulu rester toujours ici, mais cela lui était impossible. Il en souffrait, mais c'est ainsi. Il aurait voulu se défaire de son étreinte, un peu frustré par la réitération de le demande d'Erwann, il tourna un peu la tête pour esquiver ses baisers. Mais il était si peu de choses, que son désir le rattrapa, abandonné à cet homme, faible et incrédule. Le Pirate enchaîna le Rebelle de ces étreintes, puissantes, irrévocablement implacables ... Kaelis poussa un léger soupir, le visage empourpré. Et ses mots, pire que les lames de ses ennemis, le transpercèrent, transcendant sa raison et ses pensées. Perdu au milieu de cette tendresse, se refusant encore, caché derrière des barrières, retenu encore. Ce n'est pas qu'il ne l'aime pas, loin de là cette idée, mais tout en lui semblait faire souffrir Kaelis, oui, il savait que cet homme, celui à présent au dessus de lui, devra s'en aller. Il laissera encore le Rebelle sur le port, seul, noyé dans les flots noirs et sales de son Coeur. Tout ce qui fondait sur lui, comme un sombre corbeau, s'abattant sur lui comme une proie, cet oiseau noir ne sera plus qu'un souvenir. Il s'envolera au loin, en quête d'aventure et de trésors, toujours plus déterminé et fort que jamais ... Et de Kaelis, que restera-t-il ? Comme à son habitude, il feindra la tristesse comme il a toujours su le faire. Non, Kaelis non plus ne voudrait pas se battre avec lui, pourtant, dans sa fierté d'homme confiant et vaniteux, il ne pu s'empêcher de jeter un regard amusé à Erwann, pour lui susurrer d'un ton provocant "Tu perdrais à ce jeu là de toute façon ...". Il revint coller sa tête contre Kaelis, une jambe le cerclant affectueusement, et sur son visage se lisait ses doutes et ses angoisses. Mais en homme prévenant, le Navigateur rassura le Rebelle, et relança cette épineux sujet, celui de leur séparation ... Kaelis détourna le regard, il en a tant souffert, et pourtant, c'est lui qui en avait décidé ainsi. Dans un ton un peu mélancolique, empreint d'angoisse et de douleur, comme si un noeud nouait sa gorge, sous les battements de son coeur, qui ne cessait de battre plus fort de minute en minute.

- Tu le sais très bien que c'est contre ma volonté ... Crois-tu qu'un homme comme moi peut s'enfuir comme ça ? Non, je ne peux pas ... Ne me dis pas que j'ai le choix, à moi seul, rien ne t'empêche de baisser la grande voile pour toujours ... Le choix ne m'appartient pas exclusivement. J'ai ma famille ici, j'ai mes fonctions, mes responsabilités ... Je ne peux pas choisir, mon Destin est déjà tracé ...

Le silence se posa lentement dans la pièce, Kaelis, le regard affligé, regardait par la fenêtre, les rayons de lune éclairant son visage. Instinctivement, il vint caresser la tête et les cheveux du pirate. Tendrement, comme un protecteur pourrait le faire, comme un couple le ferait ... Curieux, il effleurait son visage du bout des doigts, redessinant timidement chaque courbe, appréciant la moindre forme. Il tourna la tête vers Erwann, celui-ci reposait tranquillement contre lui les yeux clos, le Rebelle déposa un baiser sur son front avant de se lever en emportant avec lui un des draps pour s'y enrouler à l'intérieur. Il sortit de son manteau une cigarette et un briquet. Il s'approcha de la fenêtre, l'ouvrit en respirant l'air frais de la nuit, puis il s'assit sur le rebord, bercé par le son des vagues et le souffle du vent, ne rayonnait que la pointe incandescente de sa cigarette. De légers frissons couvrirent sa peau nu, cachant ses reins d'un simple drap de lit, accroché tel un vulgaire pagne autour de la taille. Largement suffisant pour garder un semblant de pudeur. La Lune illuminait le ciel de son éclat argenté, et dans son mystère, les rêves les plus inavoués prenaient vie. Et dans son secret, un couple improbable s'adonnait à un jeu défendu, celui de l'Amour. Comme deux hors-la-loi, isolés du reste du monde, et pourtant, c'est comme si leur monde était déjà entier, rien qu'à deux ... Lorsque la cigarette se consuma entièrement, Kaelis se releva, descendit du rebord afin de fermer la fenêtre, puis il vint s'allonger sur le lit aux côtés d'Erwann, posant sa tête sur son torse comme il aimait particulièrement le faire. Il se logea confortablement sur lui, se recouvrit de couvertures, encore frigorifié par la brise nocturne.

- Caresses mes cheveux, j'aime tellement ça ... S'il te plaît ...

Le Rebelle rougit assez violemment, cachant son visage par ses cheveux, les poings serrés sur Erwann, un peu honteux de ce genre de demande un peu ridicule ... Zak lui faisait ça pour d'endormir. Kaelis venait s'allonger sur Zak, exactement comme il était sur Erwann, et son grand frère caressait et jouait avec ses cheveux. A force de tendresse et de bienfait, le petit garçon s'endormait paisiblement, la tête remplie de douceur. Cela faisait combien de temps à présent ? Plusieurs années, plusieurs années sans que personne n'ai pu touché aux cheveux du Rebelle. Pas avec cette tendresse, cette douceur infini ... Il resta silencieux, gêné encore une fois, il devait être complètement ridicule, et il s'en mordait les doigts de passer pour un idiot devant Erwann ... Même si il savait que celui n'en tiendrait pas compte. Kaelis, à travers le silence, écoutait la berceuse de l'Océan, un appel au sommeil, qui doucement lui faisait fermer les yeux. Sans dormir, il resta à écouter les vagues, à sentir la chaleur d'Erwann, à entendre battre son coeur ... Il ne voulait pas dormir tout de suite, donc il somnolait au rythme des berceuses qui résonnaient aux quatre coins de la pièce. Tantôt un craquement de plancher, puis la respiration lente et sensuelle d'Erwann, ou le fracas d'une vague contre le bateau. Oui, il doit être bon de vivre ici ... Si seulement il existait une issue.

- Tu le sais très bien que c'est contre ma volonté ... Crois-tu qu'un homme comme moi peut s'enfuir comme ça ? Non, je ne peux pas ... Ne me dis pas que j'ai le choix, à moi seul, rien ne t'empêche de baisser la grande voile pour toujours ... Le choix ne m'appartient pas exclusivement. J'ai ma famille ici, j'ai mes fonctions, mes responsabilités ... Je ne peux pas choisir, mon Destin est déjà tracé ...

Kaelis avait raison, Erwann aussi pouvait très bien tout arrêter pour vivre avec lui mais en tant que Navigateur, il ne pouvait pas quitter la mer tant que sa mission n'était pas encore remplie. Tout ceci le frustrait, il ne savait pas quand tout ceci allait finir. Il voulait tellement être près de Kaelis, sentir son corps, ses doigts, son odeur, ses cheveux, écouter sa respiration, sa voix... Tous des petits détails qui rendaient Erwann tout simplement heureux. Le rebelle caressait tendrement les cheveux blancs comme la neige du pirate qui trouvait cette sensation très agréable et délicieuse. Puis, après un long moment, kaelis se leva, une couverture aux hanches, alla au hublot qu'il ouvrit pour y respirer l'air frais de la nuit et fuma. Plus Erwann regardait son amant, plus il le trouvait beau. La lueur de l'eau et les rayons de la Lune se reflettaient sur sa peau pâle et frissonante. Ses cheveux d'un noir de jais volaient sous la brise marine, la volute de fumée qui s'échappait de sa bouche et du bout de sa cigarette semblait encadrer son doux visage. Erwann croisa ses mains derrière sa tête, un sourire serein sur le visage, contemplant le plafond. Il avait beaucoup de chance de l'avoir et il ne voulait le perdre pour rien au monde, c'était son trésor secret mais que personne d'autre ne devait avoir. Le hublot se referma, laissant échapper un dernier courant d'air ce qui fit frissoner Erwann qui, peu de temps après, senti les cheveux de Kaelis caresser son torse, son visage glacé se posa sur celui-ci aussi ce qui accentua les frissons et les battements de coeur du jeune capitaine soumis. Son amant lui demanda alors de caresser ses cheveux comme il l'avait fait avec lui. Il sourit, délia ses doigts et les plongea dans les doux cheveux noirs du rebelle avec la même passion ce qui le fit réagir. Il exprima son bien-être avec des soupirs approbateurs et des petits mots prononcés dans un seul souffle, sur un ton assez sensuel ce qui amusaient Erwann, celui-ci avait l'impression de découvrir la vie. Il était étrange d'arriver à procurer du plaisir à quelqu'un sans utiliser la puissance mais la délicatesse, cela le rendait anxieux mais, après tout, le principal était que Kaelis soit heureux avec lui, qu'importe la manière, plus rien d'autre ne comptait depuis qu'il l'avait rencontré que ces moments de bonheur passés en sa charmante compagnie.
Il plongea son nez dans les doux cheveux noirs qu'il massait tendrement et huma longtemps leur odeur.

- Tu sens bon mon ange...

En fait, tout chez Kaelis attirait Erwann et il était persuadé que si un jour, il devrait l'oublier, il lui en serait totallement impossible. La tête toujours plongée dans ses cheveux, le pirate balada ses mains, ses doigts sur son corps, effleurant la moindre courbe. Il ferma les yeux et s'imagina dessiner le torse du rebelle au fur et à mesure qu'il y passait ses doigts. Plus il descendait, plus la respiration du rebelle se faisait saccadée, des frissons leurs parcouraient le corps, Kaelis se redressa jusqu'à ce que ses épaules arrivent à la même hauteur que celles d'Erwann. Celui-ci replongea sa main maudite dans les cheveux de son amant quant à celle humaine, il continuait à la balader sur le corps musclé et en sueur du rebelle qui tourna la tête, ferma les yeux et se laissait docilement faire. Le pirate en profita pour caler sa tête dans le cou de celui-ci et se mit à l'embrasser, à le sucer, le lécher... Il voulait sentir sa peau, sa chaleur contre lui. La façon dont il s'attardait sur la nuque du rebelle rougit par le plaisir laissait à penser qu'il y avait quelque chose de vampirique en lui. Ses cheveux blancs caressaient doucement l'épaule du jeune rebelle qui se frottait par moment contre le pirate. Dehors, les rayons de la Lune miroitaient sur la mer et illuminaient la cabine et les draps blancs du lit, froissés par les frottements des jambes des deux hommes qui s'abandonnaient au plaisir le plus complet. Cette nuit s'annonçait torride...

† Admin

Sweet Kissing

Cela faisait combien de temps à présent ? Si longtemps, et pourtant, il lui semblait encore que ces caresses remontent à hier. Cette douce sensation qui berçait autrefois ces nuits agitées, faisant régner en lui une impression d'immunité, de bien-être. Le Rebelle se détendit, accompagné d'un long soupir, et confortablement sur le torse puissant de son amant, il s'adonna à une douce somnolence, sereine, au rythme des battements de cœur et des caresses. Lui, pourtant si impassible, peu expressif. Il oublia toute ces barrières, quelles soient sociales ou autre, pour simplement s'abandonner, corps et âme, à ce qu'il ressemble à de l'Amour. Il avait envie d'y croire, se dire que le meilleur est à venir, et que bientôt, dans un futur proche, leur Amour éclatera au grand jour et irradiera le monde par sa beauté. Oui, car ils étaient beaux à deux, qu'importe que se sont deux hommes enlacés ! L'Amour n'est-il pas aveugle à ce que l'on dit ? Au fond, seul les sentiments persistent, c'est un flux qui circulent entre deux personnes pour ne finalement n'en former plus qu'une. Un être quasi-parfait. Kaelis reposait paisiblement, légèrement recroquevillé sur lui-même, à la façon d'un enfant. "Tu sens bon mon Ange ...". Cette phrase interpela le Rebelle, un peu surpris par ce surnom affectueux. Cela pouvait sembler bien peu de chose, mais il n'y était pas habitué ... Enfin, plus depuis longtemps du moins ! Un Ange ? En était-il véritablement un au fond ? Un Ange n'a pas les mains souillées de sang ... Kaelis a déjà de nombreuses fois tué, et il en rougira toujours autant. Combattant hors pair, mais aussi Serviteur des innocents. Serait-ce pour se donner bonne conscience ? Peut être. Mais est-ce que le nombre de vies sauvées égalise le nombre de vies fauchées ? Il ne préfère plus y penser. Pour le moment, seul Erwann semblait compter. Sa nouvelle Lumière. Il voulait tout savoir de lui, connaître sa Personne. Savoir son Histoire, entrevoir son Avenir. Comprendre sa personnalité, et finalement, l'aimer plus que tout. Imaginer ... Cela lui semblait si fade. A quoi bon rêver une vie que l'on n'aura pas ? Pourquoi désirer quelque chose qui est impossible ? Kaelis ouvrit les yeux, le Monde de rêve vola en éclat. C'était si douloureux ... Quoi donc ? Le fait de ne pouvoir qu'espérer. Rester bloquer dans un monde d'illusions et d'espoirs. Juste pour ne pas souffrir de la réalité ... Mais que se passe-t-il lorsque la Réalité fait voler en éclat notre Miroir d'illusions ? Il ne nous reste plus que notre souffrance et la froideur de nos espoirs brisés. Oui, les pensées de Kaelis sont bien trop réalistes et terre-à-terre. Ses cicatrices, ses faiblesses, au fond, elles l'enchaînent en secret. Il est prisonnier de lui-même, de ses craintes. Fermé à l'Amour. Mais avec Erwann, c'était différent. Cet Homme est apparu, et depuis, le Rebelle ne vit que dans l'espérance et l'amour. Qu'est ce qui ne va pas dans tout ça ? Le Fait qu'il a peur de ce sentiment nouveau. Dans un élan subite, il s'accrocha au cou d'Erwann pour y enfouir son visage, étouffer un cri qui ne semblait pas vouloir sortir, retenir les larmes qui auraient dû couler. Il ne lâcha qu'un soupir long, empli de langueur et de tristesse. Suivi d'un murmure, simple et doux, pourtant empreint de chagrin.

- Il faut se rendre à l'évidence ... Demain, il faudra qu'on se quitte encore une fois. Pour combien de temps cette fois ? Le Temps n'efface pas ton Absence, et il me semble que rien ne puisse te remplacer ... Faut-il toujours souffrir pour Aimer ... ?

Il savait au fond de lui qu'il survivrait à nouvelle séparation. Mais combien de fois y survivra-t-il ? Kaelis se rendait bien compte que ce sujet était plus ou moins tabou entre eux, et qu'il avait tendance à casser l'ambiance. Il le savait, mais comment pouvait-il faire semblant ? Non, il n'arrivait pas à garder ses craintes pour lui tout seul. Il n'arrivait pas à s'abandonner trop longtemps à son désir et au plaisir que lui procure Erwann. Le Rebelle aurait voulu disparaître, être quelqu'un sans responsabilité, juste être un homme, quelqu'un qui ne cherche que son propre plaisir et qui vit au jour le jour. Vivre un peu la vie de bohème, être libre de tout ... Il se redressa un peu, juste pour plonger son regard flamboyant dans celui d'Erwann. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres, quelque chose naissait en lui, une idée sûrement. D'un élan passionné, il embrassa fougueusement Erwann, des baisers emplis de désir et d'amour. Tout en l'embrassant, entre quelques baisers, Kaelis reprit la parole.

- Emmènes moi avec toi Erwann, s'il te plaît ... On naviguera à deux, on s'aimera, je veux apprendre à te connaître ... Emportes moi en Mer, aimes-moi plus que tu n'as jamais aimé. Je repartirais au prochain port. Crois-tu que c'est possible ?

Ce n'était que retarder l'échéance. Une piètre manœuvre pour parfaire l'illusion. Mais était-ce mal de vouloir juste goûter à la saveur du rêve ? Voir ses espoirs couronnés de réussite. Mais c'était insoutenable. Il devait apprendre à le connaître, il devait savoir qui il était. Le voir vivre tout simplement. Partager sa vie de Pirate l'histoire d'une semaine, avoir un avant-goût du bonheur. Autant de désirs simples et passionnés, des rêves enfouis. Kaelis enlaça Erwann, tendrement, allongé contre lui, sa peau contre la sienne. Il l'aimait, et il voulait apprécier son corps, le dessiner les yeux fermés, le connaitre dans ses détails, et finalement l'enlacer pour toujours. Ses mains parcoururent son torse, redessinant ses muscles saillants et à la fois puissants, puis elles glissèrent sur son dos, effleurèrent ses fesses. C'était maladif, une véritable lubie. Il en était complètement drogué, enivré par cet Homme, il ne voyait plus que lui, et ses pensées lui étaient jalousement réservées.

- J'ai juste envie d'être ton Homme, je veux juste que tu m'aimes. Le Reste, on s'en fiche. Emmènes-moi, même si ce n'est qu'une semaine ... Je veux juste faire partie de ta vie un petit peu. Être avec toi ... Comme deux amoureux

A ce moment-là, les pensées, les mots ne venaient pas... Que dire dans ces moments-là? Que dire quand la personne que vous aimez au plus profond de vous-même vous prend de court comme ça? Que dire quand l'être cher vous annonce de vouloir prendre le large avec vous? Que faire quand votre situation ne pourrait le permettre? La raison ou la passion? A l'époque, personne ne se serait permis de voir deux hommes ensemble mais l'amour vous fait perdre tout vos moyens quand vous vous retrouvez en face. Le problème était que le capitaine Escado jouait gros. Sa réputation ou l'amour qu'il ressentait pour Kaelis, cet homme ayant les pieds, l'âme à Terre mais une intention de partir prendre le large? Un choix des plus épineux, cornélien... Il n'en savait rien.

- Kaelis... Mais mon équipage connait ta tête et notre première rencontre ne fut pas très réussite... Qu'est-ce que je suis censé faire? Une semaine... C'est bien trop long et trop court à la fois...

Ses doigts effleurèrent pour la énième fois maintenant les lèvres enflammées du rebelle dont il sentait battre le coeur à tout rompre. Tout les deux semblaient désemparés. Erwann rêvait de ne pas avoir besoin de faire de choix, qu'ils prennent le large sans soucis, sans ennuis. Hélas, ce n'était pas possible. Kaelis avait une lourde responsabilité sur Terre quant à Erwann, c'était un équipage qu'il avait sous ses ordres et un navire comme maison. Pour rien au monde ces deux jeunes gens n'auraient voulu changer ce mode de vie. Le problème,c'était bien avant qu'ils ne se rencontrent. Que faire à présent? Renier sa vie pour l'autre? Malgré que ce ne soit que pour une semaine, Erwann craignait que sa sexualité soit dévoilée et son honneur de pirate bafoué... Il s'était à peine redressé qu'il eut une idée.

- Hé! Qu'est-ce que tu dirais si je te nommais comme "esclave personnel"? On fera croire que tu as demandé de pourparler et donc je l'ai accepté en échange de quelques services durant une semaine! Disons que je t'ai surpris en train de fouiller dans mes affaires!

Le pirate s'approcha de l'oreille de Kaelis.

- Et quand je dis que tu seras bien traité, sache que je n'ai qu'une parole. En échange, pas de signes susceptibles d'attirer des doutes sur mon équipage... J'espère que tu ne le regrettes pas déjà!

A ces mots, il eut un léger sourire et embrassa le coin de ses lèvres.

- Tu verras, tout se passera bien, je te le promet. Je t'aime.

† Admin

Je voudrais que l'on donne au bruit le souffle de nos vies. Car je sais que c'est toi.

Il y a tout ce que l'on dit, et tout ce que l'on ne dit pas. Ce que l'on dit, parfois, nous fait mal et ne laisse rien à l'imagination. C'est comme ça. Les mots ont ce pouvoir de se graver sur le papier, dans le coeur, dans la mémoire. Ce que l'on ne dit pas ne signifie pas que l'on ne veut pas le dire, plutôt que l'on n'arrive pas à le dire. Certaines choses pèsent si lourds dans nos coeurs qu'il semble presque impossible de les exprimer, même si l'on sait de façon intime que cela nous soulagerait. J'aimerais tellement lui dire les choses, j'aimerais tellement que ce soit facile. Lui appartenir, et ne rien laisser nous séparer. Mais c'était impossible, certainement contre-nature également. Nos réputations ? Un pirate éperdument amoureux d'un homme peut-il être crédible ? Un des plus grands guerriers rebelles fou amoureux d'un pirate peut-il garder la tête haute et fier ? Je ne devrais pas avoir en rougir, il ne me faisait pas honte. Qui pourrait avoir honte de lui d'ailleurs ? Faut-il l'avouer ? Erwann est bel homme. Et mon amour pour lui s'apparentait à une passion, à un coup de foudre. Je ne le connaissais que depuis si peu, et nous nous étions dis encore si peu de choses. Un pirate et un rebelle, des destinées opposées et des idéaux séparés. Est-ce que je le connaissais vraiment ? Qu'est-ce que j'aimais chez lui ? Sa belle gueule d'écumeur de mer, son attirance pour le danger et l'interdit, ou le fait qu'il me soit inaccessible ? Que sais-je ... Peut être tout. On ne sait pas vraiment ce qui nous fait tomber amoureux. On est bien démunis devant l'évidence. J'étais persuadé au fond que c'était lui, et qu'il n'en avait aucun autre. Pourtant, je m'étais dis la même chose avec Zak. Plus je grandissais, et plus je comprenais que je n'étais pas normal. Je n'aimais pas comme un homme normal. J'ai aimé des femmes, et elles m'ont effrayé. Pourquoi ? Certainement l'attachement. J'avais peur de m'engager. Des hommes ? J'en ai connu que deux. Tous les deux inaccessibles et complexes. Je n'étais pas fait pour aimer et être aimé en retour. Rien de tout ça ne me correspondait. Ne serais-je donc qu'une machine à tuer ? Tant de vies fauchés, si peu d'amour en retour. Je fais parti de ces personnes qui détruisent le monde, je suis le moteur de cette bête noire qui dévore Luwan. J'alimente ce qui finira pas me dévorer. Et mes pensées filaient au rythme des battements de coeur d'Erwann, et sa peau chaude m'insufflait secrètement de ne plus penser. J'aurais voulu ne plus réfléchir, et me laisser aller à somnoler sur le torse du pirate. Mais rien n'y faisait. Je me relevai donc, entourant une couverture autour de ma taille afin de cacher ma nudité, et je me levai pour me poster devant la fenêtre et regarder l'horizon. Demain encore, cette horizon dévorera la silhouette de ce navire, emmenant au loin Erwann.

- Non ... Tu as raison Erwann. C'est inconscient, tes hommes me connaissent déjà. Ils me reconnaitront. Tout en ce monde est fait pour nous séparer ... Tu te souviens de notre rencontre ? Moi j'y repense tout le temps.

Je faisais dos à Erwann, n'osant pas affronter son regard. Et quel regard il avait ... J'avais beau rechercher la force, devenir de plus en plus fort, maitriser mes pouvoirs, et prétendre au trône le plus élevé, rien ne pouvait m'empêcher de m'effondrer sous le regard merveilleux du navigateur. J'avais tout le temps peur. Peur qu'il disparaisse, peur qu'il ne revienne jamais, peur de ne jamais le revoir ... Tout le temps. Et je maudissais l'horizon, qui dévorait déjà la lune au loin. Mon regard flamboyant se perdait dans l'infini, tandis que mes réflexions se bousculaient en vrac. Je posai mon regard à présent sur ma peau blanche au clair de lune. Je frissonnais doucement, intimidé, atteint dans ma pudeur. Je l'imaginais me regarder, observer ma peau, contempler mon corps. Et pourquoi ne me prendrait-il pas par les hanches et viendrait me chuchoter quelque chose à l'oreille. Pour être franc, j'étais pris entre le marteau et l'enclume, hésitant entre fuir le pirate ou rester avec lui. J'attendais qu'il me donne la réponse, j'attendais qu'il me prenne les hanches, j'attendais qu'il me dise ce qu'il attendait de moi.

- Garder ton coeur et ton ombre à côté du mien. Je t'aime comme un fou, et ça tu le sais bien. Demain encore, je sais bien que tu vas me manquer. dit-il en s'entourant de ses bras, comme pour se réchauffer. Dis moi Erwann, qu'est ce que tu en penses toi ? A quoi tu penses toi ?

J'avais envie d'entendre sa voix, de sentir ses mains, et de respirer sa peau. Sa personne transcendait mon être, et rien en lui n'était humain. Rien en lui n'était comparable au monde. Il était plus que ce que je ne serais jamais. Il était devenu comme un modèle, un idéal. J'étais fort, mon corps était musclé et couvert de cicatrice, mes pouvoirs étaient domptés. Mais rien ne me faisait lui ressembler. Je restais tellement inférieur et indigne d'Erwann et de Zak, que là tout de suite, j'aurais voulu sombrer éternellement dans l'eau ténébreuse de la mer.