Unas, en fin d'après-midi. Quand l'Ecumeur des Mers arriva dans une petite crique isolée du reste du continent mais qui ammenait vers celui-ci grâce à une grotte cachée, le capitaine Erwann Escado n'avait pas bougé et ce fut un des marins de son équipage qui le sortit de sa rêverie.

- Capitaine, nous sommes enfin arrivés !

Erwann sursauta, lui sourit et les laissa partir visiter Unas. Ils savaient qu'ils avaient quartier libre jusqu'à après-demain avec l'ordre de ne pas s'attirer d'embrouilles, dans le cas contraire, ils savaient ce qui les attendait : bannissement et si la faute était grave, la mort. Mais , heureusement, cela ne s'était pas encore produit. Ils étaient assez futés pour ne pas tenter le diable. Ils avaient prévus des vêtements de civil pour la ville et n'utilisaient pas l'argot marin. Ils passaient vraiment inaperçus dans la société, personne ne pouvait s'en douter.
Avant de partir en ville, Erwann en profita pour se rafraîchir, se laver et c'est pour cela qu'il plongea dans l'eau bleu et froide de la mer. Il fit quelques longueurs, de quoi se muscler quand l'image de Kaelis Maëlyo, son trésor caché, refit surface dans sa tête. Il était en position d'étoile, face au ciel quand il y repensa, à cet homme mystérieux dont il ne savait pratiquemment rien de lui mais qui était pourtant devenu l'élu de son coeur. Il remonta à bord de son navire à l'aide d'une corde qu'il avait au préalable attachée au mât, se sécha, remit ses vêtements et partit en ville, le milieu de tous les dangers pour les marins comme lui. Il se remit alors en quête de son objectif principal : retrouver l'enfant de la Forêt et la Clef.
Quand Erwann arriva en ville, les dames, celles de la haute société comme de la basse, se retournaient sur son passage, attirées par tant de beauté. Mais Erwann ne les remarqua pas, ne sachant où aller et, tête baissée, il s'engagea dans une petite ruelle sombre pour rejoindre le centre de la ville. Il avait caché ses armes sous son long blouson et mit ses mains dans ses poches. Ses cheveux blancs comme la neige pure et légère volaient à chacun de ses pas et ses yeux bleus azur fixaient un point imaginaire. Quand il déboucha dans le centre-ville, il fut joyeusement surpris de la vie qui y régnait malgré le soleil qui tombait.
Des hommes richement parés tenaient le bras de jeunes femmes au teint pâle portant des ombrelles alors que des petits jouaient au ballon. D'autres préféraient voler dans les épiceries ou encore taquiner les braves gens. Erwann sourit nostalgiquement. Cela lui rapellait terriblement son enfance. Il chercha ensuite une taverne où il pourrait manger. Toutes ces émotions ressenties en une journée l'avait mit dans une faim de loup ! Il rentra dans une auberge simple, dont la chaleur frappa le visage de l'hybride qui se prit une table das un coin toujours aussi sombre comme la première fois où il avait rencontré Zougui, ce petit bout de jeune femme tellement charmante quand elle se mettait en colère ! Il commanda un whisky et de la viande accompagnée de quelques pommes de terre. On lui apporta son repas peu de temps après. Le whisky n'était pas aussi bon que le sien mais il s'en accomoda. Il regarda le fond de son verre et fit tourner les glaçons, repensant à ces moments passés avec Kaelis, son terrible secret. Il sourit et regarda les gens qui papotaient tranquillement. Certains avaient des airs louches quand la serveuse passait devant eux, d'autres riaient fort, grisés par l'alcool.
Pourtant, malgré toute cette agitation, Erwann n'arrivait pas à l'oublier. Il en conclut qu'il ne l'oublierait jamais...
Alors qu'il sirotait tranquillement son verre de vin, Erwann fut surpris de voir que les clients de la taverne se levèrent, payèrent à la hâte et partir en trombe. Le pirate se leva tranquillement et demanda au tavernier pourquoi une telle agitation. Celui-ci lui répondit le plus simplement du monde que ce soir était le tour de garde des cavaliers noirs. Il lui demanda qui étaient-ils et pourquoi respecter une certaine heure, qui les envoyait. Le tavernier ne répondit pas mais envoya un quotidien qui répondait aux questions qu'Erwann lui avait posé. Ecrit en caractère gras et en lettres capitales, il lu et découvrit avec effroi ce que ces hommes étaient capables de faire : "MORT DANS LES RUELLES : à la tombée de la nuit, tout les mercredi, les cavaliers noirs ont pour habitude de rôder dans les rues et ruelles pour veiller à la sécurité des braves gens de la ville. Et ils portent bien leurs fruits. En effet, le lendemain matin, à l'aube, le voleur qui effrayait toute la ville depuis un certain temps, fut découvert, mort décapité grâce à ces cavaliers qui, nous sommes sûrs, continueront de veiller sur le bien de la ville! " . Erwann reposa le journal sur le bar, anxieux.

- Et vous êtes sûrs que cette personne est la bonne ? Ne pouvez-vous pas faire plutôt juger ces malfrats au lieu de les tuer directement ?

- Bien sûr que c'est lui, après, il n'y a plus rien eu ! Et ce n'est qu'une perte de temps de les juger ! Notre bon roi n'a pas que ça à faire ! De toute façon, les cavaliers tuent les rôdeurs ayant tendances à traîner un peu trop longtemps dans les rues le mercredi soir. Ils sont venus ici pour la prmière fois le mois dernier sous l'ordre de notre bon roi. Il est vrai que des gamins furent retrouvés décapités mais ce n'était que des orphelins vagabonds voleurs et pilleurs travaillant pour des bandits de grands chemins, ces vermines n'ont jamais ammenées de bonnes choses.

Outside

"Ces gens sont corrompus, pensa Erwann, toute la ville est maudite depuis que ces cavaliers sans coeur ont mis les pieds ici et... ". Soudain, une voix raisonna dans sa tête, une petite voix d'enfant lui suppliant de l'aider. Erwann jeta une pièce sur le comptoir et fila dehors, dans l'obscurité de la nuit. Celle-ci était dangereuse mais Erwann était persuadé que, quelque part dans ces ténèbres, un enfant était en danger. Dehors ne résonnait que les pas du pirate et le vent, ambiance pesante pour une ville qui semblait, il n'y a pas longtemps, très agitée. Mais une seule question revenait dans la tête d'Erwann : où se trouvait le gosse ? Des cavaliers, il s'en moquait, le principal était l'enfant. Il tourna dans plusieurs ruelles désertes. Unas la nuit, ressemblait fort à une ville fantôme. Soudain, il remarqua enfin le scintillement de son bras, anormalement brillant. Mais il n'eut pas le temps de s'attarder dessus car un cri, provenant de la ruelle derrière lui, déchira la nuit. Il se retourna brutalement et courut dans cette direction. Plus il s'enfonçait dans cette ruelle, plus son coeur battait et plus son bras maudit brillait. Il devait avoir fait une minute de course quand il ralentit puis se stoppa. Un gosse venais dans sa direction poursuivit par un cavalier nois, silhouette encapuchonnée, épée à la main et galopant sur un cheval puissant (voir ici). Le petit, lui, était pied nu, veste et pantalon usés marron, chemise blanche virant au gris voire le noir. Il fonça dans les jambes d'Erwann et leva sa tête, son visage était plein de crasse mais ses yeux gris étaient embués de larmes. Il le supplia à nouveau de l'aider et, sans attendre sa réponse, alla s cacher derrière le pirate qui avait du mal à suivre les évènements. Le cavalier tendit la pointe de son épée vers Erwann et lui demanda d'une voix glaciale de se rendre s'il ne voulait pas avoir la tête tranchée ce qui étonna le petit ainsi qu'Erwann : depuis quand demandait-on si la personnes voulait avoir la tête coupée ou non ? Erwann fronça les sourcils et leva sa main droite.

- Vous avez peur de ça ?

- Mais tu as un côté ange en toi, sale bâtard ! Je n'hésiterez pas à te trancher la gorge si tu refuses de coopérer.

Course morbide

Erwann serra le petit contre lui tout en soutenant son regard dans un trou noir en haut des épaules du cavalier. Soudain, le bras s'enflamma et des flammes bleues en sortirent ce qui surpris le petit groupe. Le cavalier tomba de son cheval et hurla de douleur à terre.

- C'est le moment ! Sautes sur mon dos, petit !

Le petit ne se fit pas prier et s'exécuta. Vint ensuite l'escalade des murs, Erwann s'aida des murs qui n'étaient pas lisses et se retrouva rapidemment sur le toit, le petit sur le dos. En bas, on entendait plusieurs cavaliers qui arrivaient à tombeau ouvert.

- Il est monté sur les toits !!

Erwann ne perdit pas de temps et courut vers la crique où son navire était caché. Mais il fut ralentit par un cavalier. Son bras agissait tout seul et Erwann se vit décapiter d'une main la tête d'un cavalier. Mais il n'attendit pas de s'exhaler devant son côté démoniaque qui se réveillait en lui. Peu de temps après, il se retrouva sur le pont de son navire. Dans la cité, on pouvait entendre les hurlements des cavaliers, enragés d'avoir perdu leur trace et un homme.
L[color=blue]e petit, qui s'était fortement cramponné à l'échine du pirate, descendit et le regarda avec des yeux émerveillés.

- Woaw ! Merci infiniement pour votre aide ! Mais comment avez-vous réussi à être aussi rapide ? Et si fort ?

Il frissonna.

- Et toi alors ? Comment as-tu fais pour te retrouver dans une situation pareille ? Qui es-tu ? Comment as-tu réussi à m'appeler alors que tu ne savais même pas qui j'étais ?

- Et bien, tout d'abord, je m'appelle Jim et je viens du château du roi d'Unas. Je suis doté d'un pouvoir télépathique et psychique. J'aurais très bien pu m'en sortir tout seul mais je ne sais pas ce qui s'est passé ce soir, ça n'a pas marché. Et vous ?

- Je ne suis qu'un serviteur de la mer. Le capitaine Erwann Escado et... Attends voir. Tu as dit que tu vivais dans le château du roi, alors pourquoi l'avoir fui ? Et d'où te viennes tes pouvoirs ?

- Le roi est une ordure ! Il corromp les gens avec de l'argent mais ses serviteurs, eux, sont des esclaves. Moi, je suis né d'une expérience scientifique mais ça n'a pas eut l'effet souhaitait, alors ils m'ont abandonné quand j'eu 9 ans et j'ai du apprendre à survivre pendant 3 longues années, mais mon pouvoir m'a beaucoup aidé, c'est pour cela que j'ai réussi à survivre aussi longtemps !

Jim sourit alors au pirate. Erwann s'agenouilla pour arriver à la taille de l'enfant et ébouriffa ses cheveux.

- Bon et bien on va essayer de trouver quelqu'un qui voudra bien te recueillir et...

- Non, s'il vous plaît !! Gardez-moi avec vous !! Je vous promet que je serai un bon mousse !! Je laverai, aiderai... Bref, je ferai toutes les corvées mais, par pitié, ne m'abandonnez pas !

- Mais la vie de marin est difficile et peu adaptée à un petit comme toi !

- J'ai 12 ans et la vie à Unas est la pire que je n'ai jamais eu, la solitude, la faim, la peur... Je sais qu'avec vous, j'aurais un meilleur milieu de vie !! Et puis j'ai tellement rêvé de découvrir le monde !!

Le pirate ne savait que dire, la proposition du petit était très tentante... Soit, il le garderait avec lui !

- Bon, c'est d'accord ! Mais à partir de maintenant, c'est capitaine Erwann et tout ce qui se passe ici doit rester strictement secret, au moins sur terre ! C'est compris ?

- Oui capitaine !

Il se mit au garde-à-vous ce qui fit sourire le pirate.

- Très bien ! Maintenant, va te laver et va te coucher ! Je laverai tes affaires et te présenterai mon équipage demain matin. Tu verras, ils ne sont pas méchants malgré leur imposant gabarie !

Jim obéit à Erwann et le capitaine avait à peine montré le canapé dans lequel il allait passer sa nuit qu'il s'y affala et s'endormit aussitôt. Erwann alla laver les affaires du petit et alla se coucher lui aussi. Les draps étaient encore imprégnés de l'odeur de Kaelis ce qui lui fit repenser à cette folle après-midi. Son corps, ses lèvres, ses yeux, ses cheveux, sa peau... Il se souvenait de tout, du plaisir, de la chaleur, de toutes les sentations qu'il avait ressenti avec lui. Il avait déjà envie de le revoir, de le ressentir encore, que pour lui.
Le lendemain matin, tout l'équipage était revenue au grand complet, ce qui rassura Erwann. Le capitaine présenta le nouveau compagnon de l'équipage et tout le monde l'accueillit comme il se devait, avec beaucoup de gaieté. Il fut très vite intégrer dans l'équipage. Johnson lui fit visiter le navire pendant que L'Ecumeur des Mers prenait le large pour voguer là où les vents l'emmènerait... Mais au fond de lui, Erwann espérait retrouver Kaelis...

FIN